Question: Est-ce qu’il y a des différences entre les postures de la femme et celles de l’homme dans la pratique de la Salaat? Reponse: En général, les principes islamiques s’appliquent à la femme aussi bien qu’à l’homme sans qu’il y ait des différences sauf bien sûr si, dans la Shari’ah, il a quelque chose qui prouve le contraire. Pour ce qui est de la salaat, à la lumière du hadîce et des opinions des savants du Dîne-Islaam, nous voyons que certaines postures de la femme sont différentes de celles de l’homme.
La Shari’ah a qualifié la femme de “aurah” – “Aurah” se réfère à quelque chose que l’Insaan (l’humain) éprouve de la honte à exposer. Et “aurah” est le critère sur lequel les lois islamiques (concernant la femme) sont basées. Notons, entre autres, que quand la femme quitte sa demeure, elle doit se couvrir avec son jilbaab et elle ne doit parler à un “ghair mahram” (homme étranger) qu’en cas de nécessité. Des restrictions concernant sa voix aussi car elle n’a pas à réciter l’azaan ou l’iqaamah et contrairement à l’homme dans toutes les salaats, elle doit faire le “Qiraa’at” à voix basse, d’une telle façon, qu’elle seule peut entendre. Pour la salaat, toutes les postures qui sont contraires au principe de “aurah” ne sont pas recommandées pour elle. Dans la pratique de la salaat, la femme ne doit à aucun moment écarter les différentes parties de son corps. Allaamah Jalaalouddîne Al Souyoûtî (R) rapporte un hadîce à cet effet dans son Tanwîr-oul-Hawaalik qui est un commentaire sur le Mou’atta Imaam Maalik. En effet, d’après ce hadîce Hazrat Wa-il Bin Houdjr(RA) rapporte que Raçouloullah (p.s.s.l) s’est adressé à lui en ces termes: –
“Quand tu fais la salaat, lèves tes mains jusqu’aux tes oreilles, et une femme doit lever les siennes jusqu’aux ses seins”.
D’après un hadîce de Maraacil de Imaam Aboû Daawoûd, Hazrat Yazid Bin Aboû Habib (R) rapporte que Raçouloullah (p.s.s.l) est passé auprès de deux femmes qui faisaient la salaat. Alors il leur a dit: “Quand vous faites le sajdah alors posez une partie de votre chair (ventre) sur le sol car, la femme n’est pas pareille à l’homme dans cette posture”.
Le hadîce de Yazid Bin Aboû Habib (R) est toutefois un hadîce mourçal car c’est un Taabi’î qui rapporte ce hadîce sans mentionner le lien entre Nabi-e-Karim (SAW) et lui-même. Cependant, cette disconnection n’est pas une raison suffisante pour rejeter ce hadîce car les ahaadîcea mourçal ont été toujours acceptés par tous le Taabi’înes (R) jusqu’à le deuxième siècles Hijrî comme mentionné par Ibn Jarîr(R).
D’ailleurs les ahaadîces mourçal sont valables chez les Aimmah comme Imaam Aboû Hanîfah(R), Imaam Maalik(R) et Imaam Ahmad Bin Hambal(R). Pour ce qui est du hadîce de Yazid Bin Aboû Habib(R) lui-même, il doit être valable chez Imaam Shaafî (R) également, car ce dernier ne rejette pas les ahaadîces mourçal qui sont soutenus par le fatwa des sahaaba-é-Kiraam(RA) ou des oulamaa-e-Dine. En effet, il y a le fatwa de deux sahaaba-e-kiraam(RA), en l’occurrence Hazrat Ali (RA) et Hazrat Abdoullah Bin Abbaas (RA), qui soutient le hadîce de Maraacil Aboû Daawoûd rapporté par Yazid Bin Aboû Habib (R). Selon le Mouswannaf Ibn Aboû Shaibah, en réponse à une question concernant la façon dont une femme doit faire sa salaat, Hazrat Abdoullah Bin Abbaas (RA) dit:
“Qu’elle se ramasse (le corps) et qu’elle ne s’écarte pas”.
Toujours selon le Mouswannaf Ibn Aboû Shaibah, Hazrat A1’î (RA) dit:
“Quand une femme fait le sajdah, qu’elle se ramasse le corps et qu’elle rapproche une jambe a l’autre”.
Selon le Mouswannaf Abdourazzaaq, Hazrat A’1î (RA) dit:
“Quand une femme fait le sajdah qu’elle se pelotonne et qu’elle rapproche son ventre de ses jambes”.
D’après le Mouswannaf Ibn Aboû Shaibah, Hazrat Moudjaahîd (R) dit:
“Quand un homme fait le sajdah il est makrouh pour lui de poser le ventre sur les jambes comme le fait une femme”.
Ceci démontre que, d’après ce célèbre mouhaddice qu’est Imaam Moudjaahid (R) aussi, la façon dont une femme doit faire le sajdah est différente de celle de l’homme.
Hazrat Hassan Basrî(R) dit:
“La femme doit se pelotonner (ramasser le corps) dans le sajdah”.
Interrogé quant à la façon dont une femme doit lever les mains dans la salaat, un éminent Taabi’î en la personne de Hazrat Ataa Ibn Aboû Rabaah (R) (mort en 1144) dit:
“Elle lève les mains jusqu’aux seins”.
Selon le Mouswannaf Abdourrazzaaq et le Mouswannaf Ibn Aboû Shaibah, Hazrat Ibn Jouraidj (R) a interrogé Hazrat Ataa(R) en ces termes:
“Est-ce qu’une femme doit lever les mains comme le fait un homme”
Hazrat Ataa (R) répondit:
“La femme ne doit pas faire comme l’homme”.
En démontrant la façon qu’une femme doit faire, Hazrat Ataa (R) a levé les mains très bas et puis il les a joint. Ensuite il a dit: “Certainement la femme a une posture que l’homme n’a pas”
C’est à dire que, la posture de la femme est différente de celle de l’homme. D’après un autre récit de Mouswannaf Abdourrazzaaq, Hazrat Ataa (R) dit:
“Quand une femme fait le roukou, elle rapproche ses bras de son ventre et elle se ramasse le corps autant qu’elle peut et quand elle fait le sajdah, elle rapproche ses bras de son corps et son ventre et ses seins de ses jambes puis elle ramasse son corps autant que possible”.
Selon le Mouswannaf Abdourrazzaaq et Mouswannaf Ibn Aboû Shaibah, Hazrat Ibraahim Bin Yazîd An-Nakh’î (R), un grand Taabi’î du premier siècle Hidjri, dit:
“On ordonnait à la femme de laisser ses bras et son ventre sur ses jambes quand elle fait le sajdah, elle ne doit pas s’écarter afin d’éviter de soulever son postérieur comme le fait un homme”.
De même selon Mouswannaf Abdourrazzaaq, Hazrat Hassan Basri (R) et Hazrat Qataadah (R) disent:
“Quand une femme fait le sajdah qu’elle se pelotonne et qu’elle ne s’écarte pas afin d’éviter de soulever son postérieur”. Concernant la façon dont une femme doit s’asseoir dans la salaat, Hazrat Ibraahim An-Nakhî (R) dit:
“On ordonnait aux femmes de serrer leur deux jambes d’un côté”.
Selon le Mousnad Imaam Aboû Hanîfah(R), interrogé quant à la façon dont une femme doit faire la salaat, Hazrat Abdoullah Bin ‘Oumar (RA) dit:
“A l’époque de Nabi-é-Karîm quand les femmes s’asseyaient, elles croisaient leur pieds et ensuite elles recevaient l’ordre de pratiquer “1’Ihtifaaz”.
Allamah Ali Al-Qaarî (R) dit que “l’Ihtifaaz” signifie “serrer” c.à.d. ne pas s’écarter. Elles ont reçu l’ordre de s’asseoir sur la hanche et d’étaler les pieds du côté droit.
Dans son kitaab-oul-Oumm, Imaam Shaafi’î (R) a dit:
‘Allah Ta’aala a ordonné aux femmes de ne pas se montrer et Raçouloullah (p.s.s.l) a aussi donné la même instruction. Je préfère qu’une femme se ramasse le corps et qu’elle rapproche son ventre de ses jambes et qu’elle fasse le sajdah aussi décemment qu’elle peut. Je préfère cela pour elle dans le roukou et dans le sajdah”. Dans Al-Moughnî, Ibn Qoudama (R) dit: “En principe tous les règlements qui s’appliquent aux hommes s’appliquent aussi aux femmes car l’ordre de la shari’ah impliquent tout le monde, sauf que les femmes, contrairement aux hommes, ne doivent pas s’écarter parce qu’elles sont “aurah”, alors je préfère qu’elles se ramassent le corps car c’est plus décent pour elles”.
Expliquant la façon dont une femme fait le sajdah, Sheikh Ibn-oul-A’rabî(R) dit:
“Quant à une femme, il est recommandé qu’elle pose ses avant-bras (sur le sol) et qu’elle se baisse, elle ne tient pas le corps droit comme un homme, elle rapproche son ventre de ses jambes parce que c’est plus décent pour elle”.
Il est donc évident que la façon la plus recommandée pour la femme c’est celle où il y a plus de décence. Une posture où elle doit s’écarter n’est pas correcte. Et à travers le hadîce de Nabi-é-Karîm (SAW), les fatwas de Sahaabaa-e-Kiraam(RA) et des Taabi’înes(R) sans oublier les Aimmah (R), nous comprenons qu’ils sont tous d’avis que certaines postures de la femme concernant la salaat sont différentes de celles de l’homme.
A noter donc les différences qui suivent entre la salaat de la femme et celle de l’homme:
1. Au commencement de la salaat, pour le takbir tahrîma, une femme lève ses mains jusqu’à la hauteur de ses épaules ou de ses seins sans écarter les deux bras et elle garde les mains sur sa poitrine sous son jilbaab/bourqah. Quant a l’homme, il lève ses mains jusqu’à la hauteur de ses oreilles et il place ses mains sous son nombril.
2. Le roukou de la femme doit être une légère génuflexion juste pour permettre aux bouts de ses doigts de toucher les genoux et cela sans écarter les bras de son corps et les doigts ne doivent pas être non plus écartés. Toutefois l’homme doit attraper ses genoux en écartant ses doigts. Il ne doit pas arquer le dos. La tête ne doit pas être penchée, elle doit être tenue droite au même niveau que le dos. Les bras doivent être écartés du corps sans que les coudes soient bombés.
3. Dans le sajdah, la femme ne doit pas garder les pieds droits mais doit les placer horizontalement sur le sol vers la droite. Elle ne doit pas écarter ses bras de son corps. Elle doit se pelotonner autant que possible tout en gardant le ventre sur les jambes et les avant-bras longeant le sol. Quant à l’homme il doit écarter le ventre de ses jambes et les bras du corps. Les deux pieds doivent être tenus perpendiculairement avec le sol en pliant les orteils vers le qiblah. Les avant-bras ne doivent pas être posés sur le sol.
4. Dans le jalsah ou le Qaïdah, la femme doit faire le “tawarrouk” c.-à-d s’asseoir sur la hanche en étalant les deux pieds à droite, horizontalement sur le sol. Tandis que l’homme s’assoit sur son pied gauche qui est étalé horizontalement sur le sol. Son pied droit doit être placé perpendiculairement avec le sol tout en pliant les orteils vers le qiblah.
A souligner aussi qu’un homme, contrairement à une femme, peut faire le Qiraa’at à haute voix dans certaines salaats.
Allah Soubhaanahoûwa Ta’aala, le Rabb-oul-Aalamîne, a lui-même créé la femme, dans plusieurs aspects, différente de l’homme, n’est-il pas tout à fait normal que, dans le Shari’ah, certains principes propres à la femme soient inclus!